L’or reste stable malgré une pression monétaire et une saturation du marché
Les prix de l’or ont peu évolué ce jeudi, reflétant un équilibre fragile entre l’incertitude économique mondiale et la fermeté de la politique monétaire américaine. Alors que la Réserve fédérale maintient ses taux d’intérêt élevés et temporise sur les baisses futures, les investisseurs se montrent prudents vis-à-vis du métal jaune, dont le cours a récemment franchi un sommet historique de 3 500 dollars l’once.
Selon Soni Kumari, stratégiste en matières premières chez ANZ, les commentaires de la Fed sur la persistance des risques inflationnistes ont affaibli les espoirs d’une détente rapide des taux. « Cela réduit l’attrait de l’or, qui ne génère pas de rendement, dans un environnement où les taux d’intérêt restent élevés », explique-t-elle.
Dans le même temps, le dollar américain s’est légèrement renforcé, ce qui rend les métaux précieux libellés en dollars plus coûteux pour les détenteurs d’autres devises.
Un marché jugé surévalué après deux années d’euphorie
Pour de nombreux analystes, l’or aurait atteint son pic. Adrian Ash, de BullionVault, affirme que le marché a probablement franchi son point culminant à 3 500 dollars au printemps 2025. Ce sentiment est partagé par les experts de Citi, qui estiment que les prix de l’or devraient retomber sous les 3 000 dollars d’ici 2026. La tendance a été confirmée dès le mois d’avril par Rhona O’Connell, de StoneX, qui évoquait déjà la fin de la phase haussière.
Les données mensuelles de Bank of America révèlent que les gestionnaires de fonds perçoivent l’or comme l’actif le plus « surchargé » depuis avril. Beaucoup de ceux qui ont raté la montée fulgurante de 2024 et du début 2025 considèrent désormais le marché de l’or comme saturé et potentiellement vulnérable à une correction.
Une tendance historique à former des sommets suivis de longues stagnations
L’évolution récente du prix de l’or s’inscrit dans une logique cyclique bien connue des investisseurs. Déjà en 2020, en pleine crise du Covid-19, le métal précieux avait brièvement franchi les 2 000 dollars l’once, mais il avait fallu attendre plus de deux ans pour que ce seuil soit véritablement consolidé, à la fin de 2023.
Ce phénomène n’est pas nouveau : en 2011, l’or avait atteint un pic à 1 920 dollars lors de la crise des dettes souveraines, suivi d’une traversée du désert de près de neuf ans. Quant au sommet historique de la fin des années 1970, il aura fallu plusieurs décennies pour être dépassé durablement.
Ces précédents laissent penser que le récent sommet à 3 500 dollars pourrait marquer une nouvelle phase de stagnation prolongée.
Le platine et l’argent à la baisse après une forte progression
Parmi les autres métaux précieux, le platine a connu une baisse significative de 3,7 %, retombant à 1 269,30 dollars l’once, après avoir atteint un plus haut depuis 2014. Selon Kumari, « ces hausses rapides, souvent déclenchées par des seuils techniques, ne sont pas toujours soutenues par les fondamentaux et peuvent entraîner des prises de bénéfices ».
Le palladium a également reculé de 1,1 %, s’établissant à 1 038,56 dollars, tandis que l’argent a chuté de 1,4 %, à 36,21 dollars l’once.