L’entreprise Eastman Kodak, icône de la photographie avec ses 133 ans d’histoire, a émis un avertissement sérieux quant à sa capacité à poursuivre ses activités. La société a révélé un manque de liquidités pour rembourser une dette approchant les 500 millions de dollars, suscitant des craintes quant à une éventuelle fermeture.
Des résultats financiers alarmants
Dans son dernier rapport financier pour le deuxième trimestre, publié le 11 août, Kodak a annoncé une perte de 26 millions de dollars. Ce chiffre contraste fortement avec la même période de l’année précédente, où l’entreprise avait enregistré un bénéfice de 26 millions de dollars. Le chiffre d’affaires a également connu une légère baisse, passant de 267 millions à 263 millions de dollars.
Dans un document déposé auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC), l’autorité des marchés financiers américains, Kodak a déclaré ne pas disposer de financement certain ou de liquidités suffisantes pour honorer ses dettes arrivant à échéance dans les 12 prochains mois. La société a ajouté que « cette situation jette un doute considérable sur la capacité de Kodak à poursuivre ses activités ». En réaction à ces nouvelles, l’action de Kodak a chuté de plus de 25 % à la Bourse de New York le 12 août.
La direction se veut rassurante
Malgré ces difficultés, le PDG de Kodak, Jim Continenza, a tenté de rassurer les investisseurs. Dans un communiqué, il a affirmé que « malgré un environnement commercial incertain, Kodak a réalisé des progrès constants vers son plan à long terme ». Un porte-parole de l’entreprise a également déclaré à CNN être « convaincu de pouvoir rembourser une partie importante du prêt avant son échéance et de modifier, prolonger ou refinancer le reste de la dette et les obligations sur actions préférentielles ». Pour générer des liquidités, Kodak a déjà annoncé son intention de suspendre les versements de ses régimes de retraite.
Un géant historique rattrapé par son passé
Fondée en 1892, Kodak a connu son apogée dans les années 1970, dominant le marché américain avec 90 % des ventes de pellicules et 85 % des ventes d’appareils photo. Son slogan, « Vous appuyez sur le bouton, nous faisons le reste », a contribué à démocratiser la photographie.
Ironiquement, c’est l’appareil photo numérique, que Kodak a elle-même inventé en 1975, qui a précipité son déclin. L’entreprise n’a pas su négocier le virage technologique qu’elle avait initié, ce qui l’a conduite à se déclarer en faillite en 2012, croulant sous une dette de 6,75 milliards de dollars et faisant face à plus de 100 000 créanciers. Aujourd’hui, le spectre d’une nouvelle crise financière plane à nouveau sur ce pionnier de l’image.