L’intelligence artificielle (IA) s’impose comme un sujet incontournable, suscitant à la fois espoirs et inquiétudes. Des salles de classe aux stratégies d’entreprise, les experts s’interrogent sur la meilleure manière d’encadrer cette technologie pour en maximiser les bénéfices tout en maîtrisant les risques. Entre les appels à la prudence du monde académique et les innovations concrètes déjà sur le marché, le débat est plus vif que jamais.
Les experts appellent à la prudence et à davantage de recherche
Lors de la Semaine de l’apprentissage numérique de l’UNESCO à Paris, la professeure Sarah Younie, spécialiste de l’innovation pédagogique à l’université De Montfort (DMU) au Royaume-Uni, a souligné la nécessité d’approfondir la recherche sur les bénéfices potentiels et les défis posés par l’IA. En tant que co-auteure d’un nouveau document de position du Groupe de travail international sur les enseignants (ITTF), intitulé « Promouvoir et protéger l’agentivité des enseignants à l’ère de l’intelligence artificielle », elle a mis en lumière l’urgence de la situation.
« C’est un domaine qui évolue très rapidement, où l’IA modifie potentiellement le rôle des enseignants. Nous devons nous demander comment les protéger, mais aussi examiner les opportunités éducatives indéniables que l’IA peut offrir », a-t-elle déclaré. Le document explore les moyens d’utiliser l’IA de manière éthique dans l’éducation.
La professeure Younie a soulevé des questions cruciales : l’IA entraînera-t-elle un déclin de la pensée critique ? Déshumanisera-t-elle l’éducation ? Assisterons-nous à l’émergence d’écoles sans enseignants ? « Un des points clés est qu’il faut davantage de recherche dans ce domaine, et en particulier des études longitudinales, afin de fournir des preuves solides sur lesquelles fonder nos décisions », a-t-elle insisté. Le rapport conclut que l’IA présente à la fois « des opportunités de transformation et de profondes responsabilités » et appelle les dirigeants du secteur éducatif et les décideurs politiques à mettre en place des garde-fous.
L’innovation en EdTech déjà à l’honneur
En parallèle de ces débats de fond, l’innovation bat son plein. Les ETIH Innovation Awards 2026 viennent récompenser l’excellence dans le secteur mondial des technologies de l’éducation (EdTech), avec un accent particulier sur le développement des compétences professionnelles, l’intégration de l’IA et les solutions d’apprentissage novatrices à tous les niveaux.
Les candidatures sont désormais ouvertes aux organisations du Royaume-Uni, des Amériques et du monde entier. Ces prix visent à reconnaître les entreprises, les plateformes et les individus qui sont les moteurs de la transformation du secteur, qu’il s’agisse d’outils d’évaluation basés sur l’IA, de systèmes d’apprentissage personnalisés ou de plateformes numériques pour la formation continue. Les candidats devront démontrer un impact mesurable, que ce soit dans l’enseignement primaire et secondaire, le supérieur ou la formation tout au long de la vie. Les lauréats seront annoncés le 14 janvier 2026 lors d’un événement en ligne.
Former les dirigeants à la transformation par l’IA agentique
Au-delà de l’éducation, le monde de l’entreprise se prépare activement à la prochaine vague technologique. Le MIT Professional Education lance un nouveau cours sur « l’IA agentique appliquée à la transformation des organisations ». Dirigé par le professeur John R. Williams et le Dr Abel Sanchez, ce programme se situe à l’intersection de la technologie et du commerce, allant au-delà des bases de l’IA générative pour explorer comment les agents autonomes peuvent transformer des processus métier entiers.
« De la même manière que le cloud a redéfini l’économie de l’informatique, les agents redéfiniront les opérations commerciales », explique le Dr Abel Sanchez. « Dans des secteurs comme le conseil ou l’externalisation, les agents surpassent déjà les processus humains en termes de vitesse, de cohérence et même d’empathie. Notre cours donne aux dirigeants les clés pour comprendre cette transition. »
Conçu pour les leaders stratégiques, le programme abordera des questions d’infrastructure (quels modèles et plateformes utiliser), de déploiement à grande échelle et de mise à l’échelle responsable, en tenant compte de l’éthique ainsi que des coûts et de la consommation d’énergie croissants.
Les défis de la mise à l’échelle : éthique et consommation énergétique
Ce dernier point est crucial. Le professeur John R. Williams met en garde : « L’empreinte énergétique de l’informatique agentique s’intensifie : les hyperscalers consomment déjà des dizaines de térawattheures par an, ce qui exerce une pression sans précédent sur le réseau électrique et crée une demande urgente pour sa modernisation et l’intégration des énergies renouvelables. »
À l’issue de la formation du MIT, les participants seront capables d’évaluer l’impact stratégique de l’IA, de comprendre les infrastructures nécessaires, de piloter les trois phases de son adoption (de l’amélioration des flux de travail à la transformation des modèles économiques) et de développer une feuille de route personnalisée.
Pour Bhaskar Pant, directeur exécutif du MIT Professional Education, l’enjeu est clair : « L’IA agentique représente une opportunité extraordinaire, mais la véritable rupture vient de l’incapacité à agir rapidement. Notre mission est de préparer les dirigeants à saisir ce moment. »