Le marché de l’or traverse une zone de turbulences à court terme, les investisseurs adoptant une posture d’attente avant les annonces cruciales de la banque centrale américaine. Alors que le métal jaune a connu une légère baisse mardi, les opérateurs ajustent leurs portefeuilles en anticipant une réunion de politique monétaire qui pourrait définir la trajectoire financière de la fin d’année et au-delà.
Anticipation d’une baisse des taux teintée de prudence
La prudence est de mise sur les marchés asiatiques et occidentaux. L’or au comptant a oscillé, reculant d’abord de 0,3 % autour de 4 174,91 dollars l’once, avant de montrer des signes de stabilisation vers 4 192 dollars selon les données de LSEG. Cette hésitation s’explique par la remontée des rendements des bons du Trésor américain à 10 ans, qui flirtent avec un pic de deux mois et demi. Comme le soulignent les analystes de Sucden Financial, tant que Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, n’aura pas clarifié le rythme de l’assouplissement monétaire après décembre, les métaux précieux risquent d’évoluer dans une fourchette étroite.
Les marchés intègrent actuellement une probabilité de 89 % pour une réduction des taux d’un quart de point lors de la réunion des 9 et 10 décembre. Cependant, le consensus table sur une « baisse hawkish » : une réduction immédiate accompagnée d’un discours restrictif, signalant que la barre restera haute pour de futures baisses en 2025. Kelvin Wong, analyste sénior chez OANDA, note que les investisseurs obligataires se repositionnent déjà suite aux signaux envoyés plus tôt ce mois-ci par Powell, laissant entrevoir un cycle d’assouplissement plus lent que prévu.
Dichotomie des indicateurs économiques et volatilité de l’argent
Le contexte macroéconomique offre une image contrastée qui complique la tâche des investisseurs. Si l’indice des prix PCE — mesure privilégiée de l’inflation par la Fed — est ressorti conforme aux attentes et que le sentiment des consommateurs s’améliore, le marché de l’emploi envoie des signaux mixtes. Les créations d’emplois dans le secteur privé ont chuté drastiquement en novembre, alors même que les demandes d’allocations chômage atteignaient un plus bas de trois ans.
Parallèlement, l’argent métal affiche une dynamique propre, se comportant davantage comme un actif à « bêta élevé ». Bien qu’il ait reculé de 0,6 % à 57,76 dollars l’once mardi, il sort d’un record historique atteint vendredi dernier à 59,32 dollars. Soutenu par une forte demande industrielle et des stocks faibles, l’argent surperforme l’or dans les phases d’appétit pour le risque. Le platine et le palladium, en revanche, restent en retrait, cédant respectivement 0,2 % et 0,4 %.
Vers une consolidation après une année historique
Au-delà de l’agitation immédiate liée à la Fed, les perspectives à moyen terme dessinent un atterrissage en douceur pour le métal jaune. Après une année 2025 qui s’annonce déjà comme la meilleure performance annuelle depuis 1979, l’ascension de l’or devrait se modérer l’année prochaine. Selon les stratèges de State Street Investment Management, les cours devraient se consolider en 2026 dans une fourchette comprise entre 4 000 et 4 500 dollars l’once.
Cette modération ne remet pas en cause les fondamentaux haussiers. Les tendances structurelles actuelles sont peu susceptibles de s’inverser. Dans un environnement où la dette mondiale s’accumule et où l’inflation reste tenace, poussant les rendements à long terme à la hausse, l’or conserve toute sa pertinence comme couverture. De plus, si les corrélations entre actions et obligations demeurent historiquement élevées, le rôle du métal précieux en tant que diversificateur de portefeuille deviendra capital. L’assouplissement monétaire, même progressif, finira par peser sur le dollar américain et accroître la liquidité, créant ainsi des vents favorables durables pour l’or.

