Bien que la crématorium d’Anosizato soit appelé « Fasan’ny Karana », il faut savoir que les Malgaches qui recourent à cette méthode sont bien plus nombreux que les karana eux-mêmes.
Bonaventure Andrianirina, premier responsable du crématorium d’Anosizato, appelé couramment à tort « Fasan’ny Karana », pratique ce métier depuis 18 ans, après avoir été agent de sécurité des pavillons marchands à Analakely. Il a fait savoir qu’en termes de classement, ce sont les Français qui sont au premier rang pour l’utilisation du crématorium d’Anosizato. Puis, suivent par ordre décroisant les Malgaches, en deuxième place, devant les Karana, (Indiens et les Pakistanais), en 3e position, puis les Chinois (4e).
Maîtrisant bien sa matière, il explique les techniques de l’incinération, de l’empilement des bûches à la récupération des cendres que les proches du défunt mettront dans des urnes funéraires.
« On commence par placer les bûches qui sont de véritables troncs d’arbre de tailles moyennes, en tâchant d’alterner le sens pour chaque pile. Après avoir installé un certain nombre de piles, on place la dépouille dans le sens de la longueur. Puis on le recouvre avec d’autres piles de bûches, du même nombre que celles d’en dessous. Puis on enduit les bûches de graisse de type saindoux pour faciliter l’allumage et la prise du feu », a-t-il expliqué, avant de poursuivre que quand le feu brûle à point, on n’a plus qu’à attendre jusqu’à ce que tout l’ensemble se consume complètement, aussi bien le bois que le corps du défunt. « Cela peut durer 2h30 à 3 heures, selon le corps. Néanmoins, il faut savoir que le temps nécessaire pour la consumation ne dépend pas de la corpulence.», a-t-il précisé.
Plus que les os longs
Quand le tout est incinéré, on récupère les cendres du défunt desquelles il ne reste plus que les os. La chair, complètement grillée et réduite en cendre, se confondant à celles du bois, n’est plus récupérable. Seuls les os le sont, et sont pilés pour être réduits en poudre. Pour ce qui est des urnes, les gens ont l’habitude d’acheter les boîtes à bijoux qui peuvent en tenir lieu, auprès des marchands d’artisanats malgaches.
Côté administratif, Bonaventure a fait savoir qu’avant d’accepter l’incinération, il exige la présentation par la famille de l’autorisation pour effectuer l’opération. Une autorisation délivrée par le Firaisana au même titre que celle d’inhumation. En termes de statistiques, le crématorium effectue en moyenne une quarantaine d’incinérations par an.
Concernant le coût de l’incinération, la famille devra payer la coquette somme de 1.500.000 ariary (7.500.000 FMG). Un montant qui ne couvre que l’opération de crémation à proprement parler sans les autres éventuels services. Il est à savoir que les sommes perçues sont versées dans la caisse de l’association des Karana qui sont les propriétaires du crématorium.
Pour ceux des assistants qui craignent de sentir le roussi pendant l’incinération, il faut savoir que le dispositif a été conçu conformément à la version originale en Inde, de façon à ce que les fumées et les odeurs soient directement poussées vers le haut par le vent qui entre par les quatre ouvertures.